Dans le temps une personne qui venait s’installer dans la région était considérée pendant au moins trente ans comme un étranger et il n’était pas question qu’on écoute ses avis sur les affaires locales ou même sur quelque affaire que ce soit. Il y avait un vocable particulier pour la qualifier : c’était un « accouru ». Ce terme n’est plus employé mais les traditions demeurent. En période électorale un accouru est très vite habillé mais pas dans la haute couture. Il y a quelques spécialistes à Malesherbes.
Un Accouru a l’outrecuidance de se présenter aux élections municipales. Je ne le connais pas et je n’ai aucune appréciation à donner en mal ou en bien. Un commerçant dont c’est le talent habituel vient de lui tailler une redingote de belle qualité qui va lui coller à la peau : selon ses dires il serait obéré de dettes et il ajoute quelques considérations tout aussi salaces en guise d’assaisonnement.
Il m’avait réservé des propos tout aussi délicieux mais je n’ai pas de rancune car il s’agit pour lui de pulsions irrépressibles et maladives dont il ne guérira jamais. Et c’est lui qui est à plaindre.
Mais il est un proverbe qui dit : Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose.
Alors si notre bavard vous prend pour interlocuteur renvoyez le derrière ses casseroles car c’est seulement là qu’il exprime un talent de bon goût.