Cette appellation, devenue un terme générique trop général, sert à désigner des personnages si différents, elle attise tant de haines non fondées, elle brouille tellement les choses, elle fausse tellement la vision que l'on a de certaines catégories sociales qu'il est indispensable de les différencier dans le langage courant.
On appelle PATRON un artisan qui emploie deux compagnons, qui travaille avec eux, qui a acheté son atelier et son outillage avec ses économies et qui gagne avec des risques financiers personnels deux ou trois fois le SMIC seulement. Il mérite le titre.
On appelle patron un ancien élève de l'ENA, devenu fonctionnaire, inspecteur des finances qui par ses relations politiques a été placé à la direction d'une entreprise nationale ou du moins importante, sans avoir engagé ses économies personnelles, sans aucun risque financier, avec au contraire un parachute doré et des stocks options .Il ne parcourt les lieux de travail qu'une fois par an entouré d'une escouade de cadres au pas de charge pour montrer qu'il existe et s'il estime qu'il en a le temps. Or son titre doit être MANAGER ou ADMNISTRATEUR mais en aucun cas ce n'est un patron, c'est généralement un transfuge de l'administration, et il bénéficie toujours d'un salaire mirobolant dans l'entreprise parfois en difficultés sans risquer aucune sanction financière, au contraire.
On appelle patron avec justesse un entrepreneur, qui connaît le personnel individuellement, qui a engagé tous ses biens dans son entreprise, qui parfois est obligé pour la faire tourner d'engager tous ses avoirs personnels en garantie d'emprunts, qui risque sa ruine totale si la crise intervient, qui gagne 10 fois le SMIC. Il mérite le respect et le titre de patron.
Mais tous ceux qui détiennent le pouvoir par délégation financière ou nomination d'état, sont des managers, des administrateurs, des gérants, ce que vous voudrez mais ce ne sont pas des patrons.
Or les syndicats englobent ce terme générique pour toutes les catégories sur un ton réprobateur, (pour user d'un euphémisme), alors que les artisans par exemple, n'ont aucune influence sur la situation globale de l'économie et sont mis dans le même sac.
Il est urgent d'affiner notre vocabulaire.