Le 6 juin 1944 j'avais 22 ans. Je m'apprêtais à quitter la résistance et les maquis pour m'engager dans le 35ème Régiment d'infanterie devenu 110ème régiment d'infanterie dans l'armée de Lattre de Tassigny. La ville de Dijon était toujours occupée et avec mon ami d'enfance Jean Pierre Garmigny nous menions des harcèlements d'arrière garde contre l'armée d'occupation à l'aide d'une voiture Peugeot prise à l'ennemi, alimentée avec de l'alcool parce que nous n'avions pas d'essence. Elle était armée d'un fusil mitrailleur fixé sur le toit ouvrant. Il provenait d'un dépôt d'armes que j'avais constitué dès 1940. Nous attaquions les petits groupes ennemis par des raids éclairs. Quand la ville fut libérée nous nous sommes engagés dans l'armée de Lattre de Tassigny pour poursuivre les combats jusqu'à la libération dans les batailles des Vosges, d'Alsace, Belfort, Colmar, Mulhouse puis le franchissement du Rhin et la traversée de la Forêt Noire.
Sur le parcours, pour notre premier combat, nous avons attaqué d'assaut le Fort du Mont Vaudois près d'Héricourt en subissant des tirs d'une densité extraordinaire. J'étais chef de section et c'est là que j'ai perdu le premier de mes soldats tué à mes côtés d'une balle en plein front.
Le débarquement a été pour nous un encouragement extraordinaire.
Tous ces événements me sont chers avec le souvenir de tous ces braves qui ont donné leur vie pour une grande cause. Je suis parfois un peu triste de me recueillir seul sur leur mémoire.
André Fréquelin
Engagé volontaire.Croix de Guerre.