Quand en 1940 l'armée allemande a envahi la France un grand nombre de cheminots ont été exemplaires par leurs actes de résistance, parfois au péril de leurs vies.
Cette année là j'avais 18 ans et j'ai accompli ma première action de résistance en constituant des dépôts d'armes que je récupérais sur les abandons de l'armée française en déroute.
Ces cheminots m'ont permis à plusieurs reprises de traverser la ligne de démarcation en m'apportant leur aide.
Les sabotages sur les convois allemands par les cheminots ont été une aide efficace à la Résistance.
Leurs motivations étaient patriotiques courageuses et efficaces.
Mais les Français, aujourd'hui, ne sont pas des ennemis qui ont envahi le territoire.
Nous ne sommes pas en guerre.
Les cheminots n'ont en aucun cas le droit d'organiser contre eux des actions en arrêtant la circulation des trains.
Les cheminots ont le droit dans notre démocratie de défendre leur sort ou leurs exigences de salariés en face des autorités qui les régissent, de leurs employeurs, en faisant des pressions directement sur eux. Mais ils n'ont pas le droit de faire des actions comparables aux actes de résistance qui atteignent leurs propres concitoyens (qui ont les mêmes droits et souvent des problèmes et des difficultés plus graves, mais en la circonstance aucun pouvoir).
Ils ont le droit de faire des pressions sur leurs patrons par des moyens appropriés qui les atteignent directement mais pas contre des millions de Français qui sont souvent moins bien lotis qu'eux en leur créant par des actes abusifs des difficultés supplémentaires qui débouchent parfois sur des drames.
Ils doivent retrouver la raison et civiliser leurs moyens d'actions.
D'autant plus qu'ils viennent d'ajouter la nocivité de leur grève à celle des phénomènes naturels incontrôlables issus de l'éruption d'un volcan.
Cheminots, mes compagnons de la Résistance, mes amis, je forme le vœu que vous vous souveniez de l'abnégation d'antan et que vous employiez les justes moyens pour défendre vos revendications sans nuire à des personnes qui sont de bonne volonté et que vous ne devez surtout pas ranger au rang de vos adversaires en les transformant en otages ce qui serait contraire à la popularité et à l'aboutissement heureux de votre cause.