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31 août 2010 2 31 /08 /août /2010 12:04

J'ai en projet de relater  ma campagne de 1944-1945 avec la Première Armée (Rhin et Danube) commandée par le Général Delattre de Tassigny. C'est un travail qui va me prendre beaucoup de temps. J'en ai choisi quelques épisodes pour mon blog. Soixante ans s'étant écoulés, ce n'est pas de la forfanterie mais de l'histoire et des anecdotes.

(Dédié à mon neveu David M.)

 

                                                                                              SNIPER

 

J'avais 22 ans. En 1944. Après avoir combattu dans la Résistance, je me suis engagé dans l'Armée Delattre pour la durée de la guerre et j'ai été affecté au 35ème Régiment d'Infanterie. Etant titulaire de la Préparation Militaire Supérieure j'ai été d'emblée nommé adjoint à un chef de Section avec le grade d'Aspirant.

Le lieutenant Sylvestre commandant la section ayant été tué à mes côtés lors de la première opération offensive en direction de Soppes le Haut, j'ai été promu chef de section sur le champ de bataille et je le suis resté.

Mon armement personnel était une mitraillette Sten dont l'efficacité était discutable, j'ai réussi à la troquer contre un Colt 45 moins encombrant mais insuffisant dans les opérations engagées. Je l'ai complété par une carabine US M1 calibre 30 long ramassée sur le champ de bataille. Quand je l'ai essayée j'ai été étonné des résultats de mes tirs.

A 200 mètres, tir couché, tous les impacts tenaient dans une circonférence de 20 centimètres, avec une autre arme je n'avais jamais réussi à obtenir un tel résultat.

Après avoir guerroyé sur les collines des Vosges, le Fort du Mont Vaudois près d'Héricourt, la région de Belfort, de Vieux Thann, de Rougegoutte nous avons progressé en direction de Colmar. Arrivé aux environs de Gundolsheim j'ai reçu une mission particulière pour ma section :

Il s'agissait de relever une section de tirailleurs marocains, isolée à environ 5 kilomètres, qui tenait une position au bord du Rhin, en face d'une casemate allemande de la ligne Siegfried située sur l'autre rive. La mission consistait à manifester notre présence pour dissuader l'ennemi de franchir le Rhin, le harceler par tous les moyens en notre possession, d'assurer une surveillance permanente et de tenir informé le commandement. Les moyens dont je disposais consistaient en notre armement individuel, de quatre fusils mitrailleurs, et de deux lances grenades de 3 pouces avec lesquels nous étions censés harceler les occupants de la casemate et contrebattre une tentative de franchissement éventuel. Notre position était établie dans un petit bois, à environ 50 mètres de la rive du Rhin, dans lequel les tirailleurs marocains avaient creusé des trous individuels et nous étions en hiver. Mais mes hommes étaient aguerris et aptes à tenir la position.

Ma première action a été de mettre en batterie les deux lances grenades et de tirer en direction de la casemate. J'ai été consterné de constater que les lances grenades avaient une portée insuffisante et éclataient inutilement devant la casemate. Ils ne pouvaient servir qu'en cas de franchissement du fleuve par les forces adverses.

Mais la sanction a été immédiate : nous avons reçu une volée d'obus de mortiers sur notre position, heureusement sans dommages tout le monde ayant plongé dans les trous individuels.

Mais les jours suivants, tous les jours, nous avons essuyé une volée d'obus de mortier et finalement nous avons eu un tué et plusieurs blessés.

J'ai été très affecté par la mort de ce compagnon de combat. Il se nommait Viard.

J'ai alors été envahi par une rage froide en raison notre impuissance pour riposter. Accompagné par un chef de groupe nous sommes allés en rampant au bord du Rhin pour observer en détail les abords de la casemate. Nous avons alors remarqué que le ravitaillement de la casemate se faisait à l'abri des vues en utilisant des haies assez  fournies et assez hautes. Mais elles présentaient des portions plus claires  et quelques étroites échancrures. On pouvait apercevoir des silhouettes floues progressant derrière les parties claires et les casques traverser les échancrures.

J'avais trouvé mon moyen de riposte.

Le lendemain avec ma carabine US et mon chef de groupe muni de jumelles nous avons à nouveau rampé sur la rive de Rhin jusqu'à un bouquet d'herbes hautes et couchés à l'abri des vues nous avons observé les haies et les déplacements des personnels ennemis. Bientôt mon compagnon m'a signalé que des silhouettes étaient en vue. Bien calé dans la position du tireur couché j'ai bloqué ma visée sur une échancrure et quand un casque est apparu j'ai tiré. Le casque a disparu.

Quelques secondes après des rafales de mitrailleuses ont arrosé la rive du fleuve, mais nous étions bien plaqués sur le sol et ce fut sans dommages.

Mais ces tirs  prouvaient que j'avais atteint ma cible, rempli la mission, et vengé mes compagnons.

Pendant deux semaines, chaque jour, nous avons renouvelé cette opération et essuyé les tirs de mitrailleuses avec en primes quelques volées d'obus de mortiers sur nos positions mais nous avons eu la satisfaction de n'avoir pas été passifs et d'avoir pu riposter.

Et puis nous avons été relevés et fait mouvement en direction de Colmar.

 

 

 

 

 

 

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