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20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 11:15

Parce que nous avons été dotés d'une main, ancêtre des outils, nous avons reçu l'intelligence qui en est le logiciel et le clavier. Devant le clavier est assise la volonté. Derrière elle sont installés les facteurs de la décision parmi lesquels on distingue la raison et les passions. Ils sommeillent, discutent ou se chamaillent. Le résultat de leurs conflits, pesé ou non par le bon sens, actionnera la volonté et son clavier. Parce que la main est un outil apte à utiliser des outils, l'intelligence a conçu des outils, puis l'évolution créatrice aidant, elle a conçu des outils à fabriquer des outils et enfin des outils intelligents et parfois a demi autonomes. Sauf catastrophe cataclysmique de l'amplitude de celle qui a exterminé les dinosaures, le genre humain continuera de progresser, et la capacité intellectuelle de nos descendants sera infiniment supérieure à la nôtre dans la mesure où ils seront amenés non seulement à concevoir des intelligences artificielles de plus en plus sophistiquées mais aussi à les maîtriser et les dominer.

Par une analyse sommaire j'ai apprécié l'intelligence sur cinq niveaux.

Le premier niveau est occupé par ce que je nomme l'intelligence réflexe. Son rôle est de mémoriser des séquences de gestes simples que nous sommes amenés à refaire souvent, permettre de les refaire sans avoir besoin d'y réfléchir au préalable, et de les restituer presque sans y penser. Je prendrai pour exemple l'ouverture de ma porte d'entrée avec ma clef. Si je devais réfléchir avant d'accomplir chacun des gestes de la séquence je mettrais plus de cinq minutes.

Le second niveau est l'intelligence opérative qui combine des processus réfléchis en vue de la réalisation d'objets matériels  et qui vérifie le résultat obtenu.

Le troisième niveau est celui de la capacité d'analyse qui réduit les problèmes en d'infimes parcelles afin de les mieux résoudre.

Le quatrième niveau est occupé par l'esprit de synthèse  qui étend le champ de la pensée et l'élève jusqu'à la  capacité de création par la confrontation et la combinaison de concepts et éventuellement de néoconcepts .

Le cinquième niveau est le domaine du symbole. S'il domine au niveau supérieur c'est parce qu'il intervient quand le concept ne suffit plus, quand il avoue son impuissance et que la pensée a besoin d'aller plus haut et plus loin. Le concept gravit l'Everest jusqu'à son sommet. Le symbole hume l'éther impalpable qui flotte au delà du toit du monde.

 

A la croisée des chemins j'ai rencontré Henri Bergson:

Que m'a-t-il dit?

« Il est présumable que sans le langage, l'intelligence aurait été rivée aux objets matériels qu'elle avait intérêt à considérer. Elle regardait à l'extérieur, mais ses yeux vont s'ouvrir sur un monde intérieur et le spectacle de ses propres opérations. Il y a des choses que l'intelligence seule peut chercher. Seule en effet elle s'inquiète de théorie. Et sa théorie voudrait tout embrasser, non seulement la matière brute, sur laquelle elle a naturellement prise, mais encore la vie et la pensée.

Avec quels moyens, quels instruments, quelle méthode enfin abordera-t-elle ces problèmes? Originellement elle est adaptée à la matière brute. Le langage même qui lui a permis d'étendre son champ d'opérations est fait pour désigner des choses et rien que des choses : c'est seulement parce que le mot est mobile, parce qu'il chemine d'une chose à une autre, que l'intelligence devait tôt ou tard le prendre en chemin, alors qu'il n'était posé sur rien, pour l'appliquer à un objet qui n'est pas une chose et qui, dissimulé jusque là, attendait le secours du mot pour passer de l'ombre à la lumière

Ainsi l'intelligence, même quand elle n'opère pas sur la matière brute, suit les habitudes qu'elle a contractées dans cette opération : elle applique des formes qui sont celles mêmes de la matière inorganisée. Elle est faite pour ce genre de travail. Elle devra donc, pour se penser distinctement et clairement elle-même, s'apercevoir sous forme de discontinuité. Les concepts sont extérieurs les uns aux autres, ainsi que les objets dans l'espace. Et ils ont la même stabilité que les objets, sur les modèles desquels ils ont été créés. Ils constituent, réunis, un monde intelligible qui ressemble par ses caractères essentiels au monde des solides, mais dont les éléments sont plus légers, plus diaphanes, plus faciles à manier pour l'intelligence que l'image pure et simple des choses; ils ne sont plus, en effet, la perception des choses, mais la représentation de l'acte par lequel l'intelligence se fixe sur elles.

Ce ne sont donc plus des images, mais des symboles. Notre logique est l'ensemble des règles qu'il faut suivre dans la manipulation des symboles.

 

. Comme ces symboles dérivent de la considération des solides, comme les règles de la composition de ces symboles entre eux ne font guère que traduire les rapports les plus généraux entre solides, notre logique triomphe dans la science qui prend    la solidité des corps pour objet, c'est à dire dans la géométrie. Logique et géométrie s'engendrent réciproquement l'une l'autre. C'est de l'extension d'une certaine géométrie naturelle, suggérée par les propriétés générales et immédiatement aperçues des solides, que la logique naturelle est sortie. C'est de cette logique naturelle, à son tour, qu'est sortie la géométrie scientifique, qui étend indéfiniment la connaissance des propriétés extérieures des solides. Géométrie et logique sont rigoureusement applicables à la matière. Elles sont là chez elles, elles peuvent marcher là toutes seules. Mais, en dehors de ce domaine, le raisonnement pur a besoin d'être surveillé par le bon sens, qui est tout autre chose. »

 

A mon sens, le symbole est l' inspirateur et le guide de l'action

Il met immédiatement au service de la réflexion et de la volonté d'agir les vertus qu'il incarne et véhicule sans qu'il soit besoin de rechercher d'autres motivations, d'autres directions ou d'autres paramètres.

 

Parce qu'il est le parangon des symboles dynamiques l'existence de Dieu est évidente.

 

Les symboles que chacun est en possibilité de choisir,     (préservant ainsi son  libre arbitre) doivent être parfaitement intégrés et devenir le pavement de la conscience pour ne pas être contraint de les nommer, de les analyser ou de s'y référer au moment de la décision qui devient alors immédiate dans la ligne de la sûreté du jugement.

A partir du moment où ils sont devenus les pierres de la fondation et le pavement de la conscience il n'est même pas urgent de s'en référer puisqu'ils réapparaîtront naturellement dans la considération du résultat.            Mais c’est aussi pourquoi, s’ils sont contestés ou caricaturés, la conscience pousse à la révolte.

Nous avons vu comment le symbole a pris la relève du concept et j'aimerais faire mention ici de ce que j'appelle les aphorismes symboliques qui contiennent plus de choses que tout un ouvrage philosophique. Pour l'exemple je cite Voltaire qui a écrit: Je ne conçois pas d’ horloge sans horloger.

Le symbole peut parfois n'être que représentatif et s'adresser à la mémoire.

Il peut être encyclopédique, condenser le savoir et mobiliser l'intelligence.

Il peut être affectif et créer une noble émotion.

Il peut être rassembleur et mobiliser les foules

Il peut être dynamique et engendrer l'action

Il peut être mobilisateur d'une pensée collective

Il peut être spéculation et s'imposer comme réalité.

Il peut être tout cela et bien d'autres choses encore . Impalpable, issu du néant, nourri d’aura, pérennisé et glorifié par la légende, il subjugue l’existant. Il peut être un moyen ou une fin, il peut être bon ou néfaste selon son emploi, sa destination ou son maître. Tous deux monothéistes, c’est le même symbole qui a engendré l’œuvre de Mère Térésa et l’action de Ben Laden.

                                             André Fréquelin

 

 

 

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